Des dizaines de milliers de Soudanais ont manifesté dimanche à travers le pays pour réclamer aux militaires un transfert du pouvoir aux civils, les forces de l’ordre tirant des gaz lacrymogènes sur les protestataires à Khartoum pour les empêcher d’atteindre le palais présidentiel. Plusieurs personnes ont été tuées par balles au cours de cette journée.
Au moins cinq manifestants ont été tués, a annoncé un comité de médecins proche de la contestation, à Omdourman, ville voisine de la capitale Khartoum, mais aussi dans la ville d’Atbara, dans le centre du pays, a indiqué le comité sur son compte Twitter, sans détailler les circonstances des décès à Omdourman. « Il y a également de nombreux blessés graves touchés par les balles des milices du Conseil militaire », dans les hôpitaux de la capitale et des provinces, selon le comité. L’agence officielle Suna parle elle de sept morts et plus de 180 blessés.
Les rassemblements de ce dimanche sont les plus importants depuis la dispersion le 3 juin d’un sit-in de manifestants devant le QG de l’armée dans la capitale, un drame qui avait fait des dizaines de morts et provoqué un tollé international. En prévision des manifestations, plusieurs pays et des ONG ont d’ailleurs appelé à la retenue. « C’est un véritable succès, crie ce manifestant, nous avons réussi à mobiliser tout ce monde, alors qu’internet est coupé depuis des semaines. » Personne ne s’attendait à une mobilisation aussi importante ce dimanche. Ce qui a démarré par de petits rassemblements dans différents quartiers s’est rapidement transformé en une mobilisation inattendue, malgré l’important déploiement sécuritaire.
Alors que 25 véhicules des redoutés paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF) avaient été appelés en renfort, la police a tiré en continu des gaz lacrymogènes sur plusieurs centaines de manifestants, arrivés à environ 700 mètres du palais présidentiel.
« Révolutionnaires libres nous allons poursuivre notre chemin »
Un acteur majeur de la contestation, l’Association des professionnels soudanais (SPA), avait appelé plus tôt la foule à se diriger vers le palais pour réclamer un transfert du pouvoir aux civils. C’est au palais présidentiel que siège le Conseil militaire de transition, à la tête du pays depuis la destitution en avril du président Omar el-Béchir au terme de manifestations monstres qui ont duré plusieurs mois.