La mauvaise organisation et la teneur des anomalies enregistrées lors des examens ces dernières années en Guinée, ne sont plus à démontrer. Chaque année, depuis l’ère CONTE, nous avons l’impression que les choses évoluent de mal en pis malgré les alertes et cris d’alarme de certains acteurs conscients, notamment les organisations de la société civile.
Beaucoup d’observateurs fondaient un espoir sans précèdent au régime du professeur président, Pr Alpha CONDE, enseignant de son état, diplômé de prestigieuses écoles et université, pour remettre les pendules à l’heure dans ce domaine (l’éducation) si crucial et incontournable pour l’émergence d’une nouvelle Guinée, plus prospère.
-Quelles sont les différents types d’anomalies qui remettent en cause la crédibilité des examens en Guinée ?
-Qui en sont les responsables ?
-Quelles en sont les conséquences ?
-Comment les endiguer ?
Telles sont, entre autres, des questions qu’il faille se poser et répondre avec discernement.
En effet, nous ne finirons jamais d’égrener la liste des anomalies qui remettent en cause la crédibilité des examens nationaux tout en ternissant l’image du système éducatif. Néanmoins, en se fondant sur des enquêtes menées par certaines organisations de la société civile dont Save My School en 2017, l’Observatoire Citoyen du Système Educatif Guinéen (OCSEG) en 2018, l’Association Scolaire et Estudiantine de Guinée (A-SEG) en 2019 ; les témoignages d’acteurs (élèves, surveillants, délégués,…) et d’observateurs indignés ainsi que les articles de presse, nous pouvons citer :
-la fuite d’épreuves ;
-les cas de substitution de candidats normaux ;
-la communication interne (candidats-candidats, surveillants-candidats,…) ;
-la communication de l’extérieur vers l’intérieur des centres (réseaux sociaux, sms, introduction de traités sur papiers,…) ;
-les attroupements au tour des centres ;
-les rackettes ;
-l’usage de téléphones ;
-l’achat de conscience des surveillants, délégués et chefs de centre ;
-la vente de sujets ;
-la falsification de notes ;
-la vente de bourses
-etc
Sur la question concernant les responsables de cette situation alarmante et désarmante, nous pouvons dire sans risque de se tromper que les responsabilités sont partagées entre les différents acteurs du secteur de l’éducation à savoir : l’Etat, les familles, les partenaires techniques et financiers, les responsables d’écoles à la base, les fondateurs et encadreurs des écoles privées, les élèves, les enseignants, les administrateurs territoriaux, les élus locaux et autres opportunistes.
Les conséquences d’un tel sabotage des examens nationaux en particulier et du système éducatif en général sont variées et compromettantes. Nous avons, entre autres :
-la perte de la valeur de l’éducation scolaire ;
-la baisse continue et ahurissante du niveau des apprenants ;
-la dévalorisation continue des diplômes guinéens ;
-l’accroissement continu du taux d’échec et de déscolarisation ;
-l’accroissement continu du taux de chômage ;
-la perte continue de l’autorité des enseignants et encadreurs ;
-l’aggravation des phénomènes de délinquance juvénile, de la violence et du banditisme ;
-la fuite continue des cerveaux, des capitaux et des bras valides ;
-l’aggravation du phénomène d’immigration clandestine ;
-le manque de cadres guinéens qualifiés dans l’avenir ;
-l’accroissement du taux d’analphabétisme ;
-le maintien du pays dans le cercle vicieux du sous-développement ;
-etc.
Dans le souci de qualifier le système éducatif guinéen en général, crédibiliser les examens nationaux en particulier, les recommandations ci-après nous semblent capitales :
-mener une étude de diagnostic global et profond des maux dont souffre l’école guinéenne ;
-faire du secteur de l’éducation la priorité des priorités en y investissant au moins 20% du budget national de développement ;
-créer un office national des examens et concours (ONEC) en le dotant des ressources financières, matérielles et humaines nécessaires ;
-nommer des cadres compétents, intègres et patriotes à tous les niveaux de l’administration scolaire ;
-moraliser la vie scolaire à travers des campagnes d’information et de sensibilisation, notamment sur la corruption en milieu scolaire.
En fin, il faut rappeler avec insistance que « l’éducation est la clé du développement et le seul vrai remède contre la pauvreté. »
Nous devons en faire « la priorité des priorités » pour aspirer à un développement radieux et durable de notre pays.
A quand ‘’la nouvelle vision de l’école guinéenne’’ ? Wait and see !
Aboubacar Mandela CAMARA
Sociologue/Enseignant-Chercheur/Consultant en éducation/Auteur