La création de la monnaie unique de la CEDEAO sur les rails depuis 1980. Sera t’il une réalité en 2020 ? L’ancien gouverneur de la banque centre de la République de Guinée BCRG, Ibrahima Chérif Bah, l’ère Lassana Conté a indiqué lors d’un entretien qu’il a accordé à la rédaction de loupeguinee.com, que le projet de cette nouvelle monnaie de ce bloc régional a peu de chance pour être effectif en 2020. Selon lui, il manque une volonté politique des dirigeants de ces 15 Etats.
Ce projet d’une nouvelle monnaie unique de la CEDEAO qu’on appelle l’Eco, est très ancien. Plus de 20 ans, il a été relancé en juin dernier et il est prévu qu’en 2020 il serait mise en œuvre. A en croire l’ancien gouverneur de la Banque Centrale, ce projet de nouvelle monnaie comporte deux grands volets très importants qui sont : le volet Politique et Technique.
« Ce n’est pas facile à réaliser, le volet politique est plus important. Pourquoi je dis ça, tout est d’abord une question de volonté politique des dirigeants. Quand nos dirigeants veulent le faire, ils peuvent le faire. Parce que la monnaie est un problème de souveraineté nationale ou la souveraineté d’un ensemble d’Etat. Si la CEDAO a une forte volonté politique pour le faire, il peut le faire. C’est une question qu’on décide et on fait », explique M. Bah.
Parlant du volet Technique il s’exprime en ces mots : « Bien entendu point de vu technique aussi est là, quand je le dis, ça rejoint les critères de convergences. C’est-à-dire qu’il faut faire en sorte que les économies des différents pays soient prêtes à aller à la monnaie unique », indique- t-il.
De poursuivre, « le critère de convergence, critère de rencontre que tous fassent quelque chose qui est informe. Par exemple, le déficit budgétaire de la guinée du Nigeria de Ghana soit au maximum 3% du PIB. Deuxième critères important est le taux d’inflation. Il faut qu’il soit à un Chiffre pas à 10% au dessous de 10% pour qu’il soit faible. Troisièmement, la dette extérieure. Il faut qu’elle soit au maximum 70% du PIB », explique Ibrahima Chérif Bah.
S’exprimant sur la possibilité de cette nouvelle monnaie pour 2020, Ibrahima Chérif Bah reste pessimiste.
« Je ne pense pas parce que les économies ne sont pas harmonisées, en dehors de ça, je n’ai pas encore vu la forte volonté politique des dirigeants. Je prends un exemple en 2004 le Nigeria à l’époque était très engagé, nous en Guinée avec le président Conté, il y avait un ministre de finance très engagé. Il y avait également au Ghana un Gouverneur très engagé mais la même année le gouverneur de la banque centrale a été changer un nouveau gouverneur est venu nous avons senti un ralenti », rappelle-t-il.
La monnaie unique et les pays utilisateurs de franc CFA
:Le franc CFA c’est le franc des colonies en Afrique. C’est une monnaie qui appartient à la France et les colonies. Mais il se trouve que les 8 pays ont cette monnaie commune. Ils sont arrivés à une discipline monétaire et budgétaire.
« S’il y a une monnaie unique l’éco, dans la zone CEDEAO, qui comprend 15 pays, évidemment ces autres là, vont fusionner dans cette zone. Le CFA devrait disparaître à ce moment là. La volonté politique implique que nous ayons des dirigeants qui ont été élu par leur peuple qui peuvent décider pendant mes connaissances de manière souveraine. Des dirigeants non imposés par des nomenclatures internationales par les jeux des intérêts économiques. Et des jeux des intérêts politiques qui les imposent », dit-il.
Pour l’ancien gouverneur de la BCRG, il faut qu’on ait dans cette zone CFA, des dirigeants qui diront cette monnaie nous l’avons hérité à la colonisation et nous irons avec nos frères de la CEDEAO à la monnaie commune. Prenons conscience et abandonnons. C’est ça la forte volonté politique.
« Il faut reconnaître, par rapport à la zone CFA, les six pays à monnaie indépendante sont moins rigoureux dans la gestion monétaire et budgétaire parce que leur monnaie est nationale », a –t-il conclu.
Il faut noter que, Ibrahima Chérif Bah est le deuxième vice-président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée UFDG.
Entretien réalisé par Saidou Diallo 00224 664 379 620