En Guinée, des femmes se battent du jour au lendemain pour mieux participer au développement socio-économique du pays. Certaines sont responsables dans des ONG, d’autres occupent des places importantes dans l’administration publique, par contre celles qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école, se débrouillent comme elles peuvent pour satisfaire la société en général, les membres de la famille en particulier. En tout cas, toutes celles-ci œuvrent à la recherche de moyens pour pouvoir s’autonomiser en tant que femmes.
Vonai Guilavogui âgée de 50 ans, mère de 6 enfants et qui a perdu son mari il y a 7 ans, est une vendeuse de poissons au marché de Kakimbo dans la commune de Ratoma. Elle exerce cette activité depuis plusieurs années. Chaque jour elle se lève à 5 heures du matin pour aller au marché de Kenien dans la commune de Matam, acheter des poissons. Après elle revient au marché où elle revend à son tour.
Vonai Guilavogui et le commerce du poisson, une histoire de vie.
<< J’ai hérité cette activité de mes parents. J’ai même construit à travers cette activité. J’ai compris que c’est un travail sérieux. Je l’exerce avec amour. Depuis plus de 20 ans déjà, je travaille pour moi-même et je gagne ici ma vie >>, exalte Madame Guilavogui.
Selon cette mère de famille, ce travail représente tout pour elle.
<< C’est grâce à cette activité que je vis. Grâce à elle, je mène une vie de foyer paisible. Je paie la scolarité de mes enfants grâce à ce travail également. Les gens de mon quartier me respectent à cause de mon courage . Aujourd’hui, une femme qui ne travail pas, même si elle a un mari, elle n’aura aucun respect. Tes enfants aussi ne te respecteront pas. A partir de ce que je fais, je reste autonome et le pilier de ma famille. Cette activité est très importante dans ma vie >>, rassure-t-elle.
Par ailleurs, cette vendeuse de poissons a souligné quelques difficultés qu’elle rencontre en exerçant cette activité.
<< Les difficultés sont énormes. Les poissons qu’on revendait à 500 000 gnf par carton, actuellement sont remontés à 700 000 Gnf. Et ceux qui se vendaient à 300 000 Gnf maintenant c’est à 450 000 Gnf voir même 500 000 Gnf. C’est n’est vraiment pas facile en ce moment . >>, a t-elle déplorée.
Il faut préciser que, le mois de juillet et d’août de chaque année sont consacrés au repos biologique des poissons en Guinée. Des mesures sont de même prises par le gouvernement afin de faciliter l’approvisionnement en poissons : « Des stocks de sécurité sont déjà disponibles au niveau des entrepôts frigorifiques des sociétés de pêche. A ces stocks de poissons congelés, viendra s’ajouter la production de la pêche artisanale qui n’est pas concernée par cette période de repos biologique », a annoncé le ministre de la pêche dans un communiqué.
Dans le même marché, une autre femme se bat bec et ongle pour assurer le quotidien. Cette mère de 3 enfants âgée de 39 ans revend et broie les feuilles de manioc, qu’elle part chercher à Madina a partir de 6 heures de tous les jours. Fatoumata Binta Diallo est en état de famille de 7 mois à peu près. Ce qui est plus émouvant chez elle, cette dame est en période de veuvage, elle vient de perdre son mari à peine trois mois. Mais, cette dure épreuve ne l’empêche pas de poursuivre son activité.
<< Je ne peux pas rester à la maison, j’ai trois enfants en charge. Je n’ai personnes pour m’aider. Je viens de perdre mon mari. Je ne compte sur personne. Mes parents sont au village , ils n’ont rien aussi >>, a expliqué Fatoumata Binta Diallo avec un visage plein de tristesse.
Poursuivant, << je dois assurer l’éducation de mes enfants, ils ne doivent pas sentir l’absence de leur père. Bientôt l’ouverture de classes. Donc, je dois me battre pour les frais de scolarité et fournitures scolaires . C’est grâce cette activité que j’arrive à subvenir à mes besoins. Malgré que ce que je gagne par jour est minime. Chaque jour je rentre avec 25 000 de fois 30000 Gnf comme bénéfice . Et c’est à travers cette sommes que je nourris mes enfants et je fais mes épargnes >>, indique t-elle.
Force, courage, détermination, tristesse et désolation, caractérisent ces femmes en détresse, en angoisse, en manque de mari et de soutien. Mais après les constats, ce sont elles qui détiennent les solutions pour assurer la vie quotidienne, la préservation de la paix et la quiétude sociale.
Il reste à savoir si le ministère de l’action sociale de la promotion féminine et de l’enfance qui œuvre dans le sens de l’épanouissement de la femme pensera à cette couche vulnérable un jour?
Cet article a été réalisé dans le cadre du concours presse organisé par la Délégation de l’Union européenne en Guinée sur le thème « la contribution des femmes au développement durable ».
Mamadou Djiwo Bah 00224664379620
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