Kounkouré c’est le fleuve qui abrite les plus grand barrages hydroélectrique du pays notamment Garafiri, Kaleta , Souapiti. Depuis le debut des travaux sur Souapiti, le projet a jugé nécessaire de faire quitter les populations riveraines, après une étude de faisabilité. Dans cette décision, la loi autorise qu’on tient compte aux populations concernées et leurs biens.
Après un recensement de tous les villages concernés, des accords ont été signé entre le projet et les riverains. Il est dit de rembourser chacun son bien comme convenu. Mais vers la fin des travaux de déguerpissement, certains deviennent réticents car selon eux, l’accord n’a pas été respecté.
Dans ces villages les plaintes sont nombreuses, et les populations se sentent trahi, ignorées et oubliées .
C’est le cas de ce district appelé Wargalan , village Gokyah , sous-préfecture de Bangouah région administrative de Kindia enregistré sous le code ménage n0 049 .
Thierno Cherif est propriétaire d’un bâtiment , d’une case et une cuisine. Quand les cadres du projet Souapiti sont venus recenser les maisons et les autres biens, ils ont promis à M. Cherif une maison en guise de dédommagement et un peu d’argent.
« les chinois sont venus regarder ma maison composée de 5 chambres , un salon , une cuisine. Ils m’ont dit en face qu’ils ne peuvent pas me rembourser la maison typique mais qu’ils vont construire une maison de 5 chambres pour moi et ajouter de l’argent sur la maison tout en tenant compte de ma case. Mais malheureusement je suis allé voir la maison qu’ils ont construite sur le site de recasement à mon nom , il n y a pas de cuisine et je n’ai pas vu jusqu’à présent l’argent qu’ils ont promis d’augmenter . Je profite de votre micro pour leurs demander mon argent, ma case et ma cuisine », deplore Thierno Cherif.
Thierno Abdoulaye Diallo est voisin de Thierno Cherif, il est aussi selon lui victime de ce déguerpissement. Ses deux maisons ont été recensée, mai li n’a reçu qu’une seule maison .
« quand ils sont venus ici, ils ont recensé mes deux maisons, mais sur le site, on me montre qu’une seule maison avec un espace très restreint. Où est l’autre maison ? Où je dois cultiver et faire mon élevage ? », S’interroge Abdoulaye Diallo devant sa maison qu’il abandonne bientôt.
Mouctar Diallo habitant de ce même village Gokyah a déjà plié bagages avec certains membres de sa famille pour rejoindre le site de recasement. Mais il est furieux, et fustré contre les cadres de ce projet. Pour lui, ils ont violé l’accord signé.
« Il était dans l’accord, une case simple est égale à une chambre et salon. Une case plus véranda est égale à deux chambres et salon. Mais rien n’a été respecté. Voici ce qu’ils font , 3 cases pour 3chambres et nous avions dix cases. Au niveau du grand bâtiment qui était composé de 7 chambres, il nous présente un bâtiment de 5 chambres. Ils nous ont trahi. Là où on est recasé il n y a pas d’espace nous devant permettre de cultiver et élever des animaux domestiques », se lamente ce jeune garçon .
Village Lamba sosso
Un village de 50 de familles on ne sait pas s’il est épargné de ce
déguerpissement ou oublié. Ici, les habitants de cette localité, ne savent où mettre la tête. Les voisins sont partis et personne n’est venu leurs dire de rester ou de partir.
« ils sont venus une seule fois pour nous recenser, depuis cela personne n’est venu nous dire un mot et pourtant tous les villages voisins sont délogés notamment, Synthiourou, HakoudéThiandhi et Lambasosso , sauf nous et nous avons appris qu’ils vont débloquer bientôt le fleuve et que l’eau va remplir tous les villages environnants. Nous avons adressé une lettre aux autorités mais en vain. Nous voudrions qu’ils viennent nous situer sur notre sort, il y a 50 familles composées des enfants et des femmes. Et s’ils ne viennent pas, nous allons fuir d’ici avant qu’il soit trop tard », précise Mamadou Kassia Lamba père de famille.
Elhadji Mamadou Bailo Diallo habite à Gokyah depuis 1960 , âgé de 93 ans ,il a quatre femmes et une trentaine de d’enfants. Il avait 8 cases et une maison de 7 chambres, 2 salons et deux douches et un magasin. Pour les 8 cases, ils ont construit une maison de 5 chambres comme remboursement et pour la maison de 7 chambres, ils ont construit également un bâtiment de 5 chambres.
« Ils n’ont pas touché les magasins, les douches. Je veux que le projet m’aide à récupérer le reste de mes biens. J’ai plus de 200 arbres fruitiers et non fruitiers, tous ces arbres ne sont pas remboursés », souhaite ce patriarche.
Quartier Kounkouré secteur 1 situé dans la préfecture de télèmèlé .
Mamadou Binta Diallo réside dans ce quartier depuis la mort de Diallo Yacine premier député de la Guinée à l’assemblée française, âgé de 82 ans. Elle est sur le point de quitter pour aller sur le site de recasement.
« Je me demande ce que nous avons fait à Dieu pour mériter tout cela. Depuis la mort de Diallo Yacine je suis là . Nous avions beaucoup des bâtiments ici, ils n’ont pris en compte que deux bâtiments. Ils ont ignoré même les puits. Nous partons parce que nous n’avons pas le choix », indique cette veille dame.
Dans le même quartier de Kounkouré, il y a Ibrahima cissé qui a les bras sur la tête en pleurant pendant que les camions sont devant leurs portes pour le déménagement.
« j’avais un bâtiment de 5 chambres et trois grands magasins, ils m’ont montré que deux petites chambres. De l’autre côté, j’ai un bâtiment de 10 chambres non achevé qui n’a été pris en compte. Je veux qu’on me rembourse avant de bouger », souhaite Ibrahima cissé marchand au quartier Kounkouré.
Cet autre citoyen nommé Mamadou Djan Diallo marchand dans ce quartier Kounkouré. Reclame quelques biens qui ne sont pas pris en compte par le projet.
« J’ai un bâtiment de 11 chambres plus douche et cuisine, je n’ai rien reçu de tout ceci. En vérité je ne peux pas quitter sans qu’on me rembourse c’est impossible », indique –t-il.
A quelques kilomètres de Kounkouré, il y a le villageDombélé, un village qui n’est pas concerné par cedéguerpissement mais qui voit ses habitants coupésdu monde.
Thierno Madiou Diallo est le chef de ce village, il explique leur inquiétude.
« nous avons un grand probleme ici à Dombelé aujourd’hui. Ils ont déplacé tout le monde sauf notre village. Yénguissa , Malea, Kounkouré , tous ces villages sont partis, nous on a plus de marché, d’hôpital , ni route qu’est ce que le gouvernement compte faire ? Ils veulent quoi de nous ? Ils nous ont dit quand ils vont débloquer le fleuve l’eau va déborder et nous sommes entre les fleuves. Quand on les demande ils nous disent qu’on n’est pas concerné et pourtant tous nos voisins sont partis.
S’il est vrai qu’on ne quitte pas et l’eau ne va pas nous arriver ici, nous demandons le gouvernement de nous aider à avoir un hôpital, une route. A l’heure où je vous parle même si on se couche on ne dort pas », se lamente –t-il.
Secteur Kondon Bouf , district Senta préfecture deTelemelé.
Ici c’est le site où les différents deguerpis sont recasés. Au niveau de ce site , les avis sont partagés. Certains apprécient les lieux malgré quelques anomalies, par contre d’autres n’apprécient pas les lieux et réclament le reste de leurs biens.
Ramatoulaye Bah vient à peine de débarquer avec sa mère sur les lieux mais la maison qu’elle a trouvé ne correspondent selon elle à leur maison où elle était.
<< Notre maison avait 5 chambres , salon , cuisine. Mais le bâtiment qu’on a trouvé c’est 3 chambres et salon. Ils nous ont trompé . Ils n’ont même pensé à notre case qui équivaut à une chambre et salon. Ils nous ont enlevé là on vivait paisiblement , il ne faut pas qu’ils nous serent la vie ici , qu’ils nous remboursent nos biens. Ils nous ont dit quitter , nous avons quitté sans problème et il ne faut pas qu’on vient trouver des problèmes ici >>, indique cette nouvelle locataire de Kondon Bouf.
Contrairement à Ramatoulaye, Souleimane Barry est content de ces maisons , mais il a signalé quelques anomalies.
<< les maisons sont bien faites .Le problème que j’ai constaté ici est que l’intérieur de certains bâtiments coule. Il n y a qu’un seul forage pour tout le site. Il n y a pas aussi de cuisine nos femmes préparent sous la pluie. Nous aimons bien les lieux et nous demandons au projet de resoudre les problèmes que je viens de cité si haut >> , explique Souleimane Barry.
Pour ceux qu’on a trouvé sur les lieux c’est à dire les autochtones de Kondon Bouf l’arrivée de ces gens là est une bonne chose pour eux.
<< Nous sommes très content de ces nouveaux voisins, leur arrivée nous edifiera beaucoup. Ce que je veux dire aux autorités c’est de régler les anomalies pour soulager nos nouveaux amis>>, s’est réjouit Kaou Sadiouma Kaïlondji.
Au moment où nous quittions les lieux la réticence était peu, mais les plaintes étaient nombreuses et les camions ne faisaient que transporter les populations au niveau des différents sites de recasement.
Affaire à suivre !
Par Saidou Diallo 00224664379620
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