Au moment de la « déclaration universelle des droits de l’homme » en 1948, l’homme africain était encore « un sujet » qui cherchait à se débarrasser d’un joug séculaire d’oppression et de chosification. Pourtant, l’article 26 de ladite déclaration conférait déjà « le droit à l’éducation » à tous les êtres humains sans aucune forme de distinction. L’école africaine ou, plutôt, l’école en Afrique, était tenue par les « civilisateurs » qui avaient pour but de former quelques cadres subalternes pour servir, dans la plus part des cas, d’interprètes.
A la suite des indépendances dans les années ‘’60’’, il y eut quelques tentatives d’africanisation de l’école-cas de la Guinée. En vain ! L’instabilité socio-politique, la fragilité économique et le néo-colonialisme eurent raison sur les dirigeants tant bien visionnaires que marionnettes.
Les années 1990 qui coïncidèrent à la « déclaration mondiale sur l’éducation » à Jomtien (Taïlande), trouvèrent une Afrique tourmentée par « le vent de la démocratie » et les programmes d’ « ajustement structurel ». Depuis lors, plusieurs autres programmes régionaux et mondiaux ont été initiés pour faire de l’éducation « la priorité des priorités » comme le disait, le Professeur Joseph KI-ZERBO dans son ouvrage ‘’Eduquer ou Périr’’. Nous avons, entre autres :
Le cadre d’action de l’Afrique Subsaharienne : l’éducation pour la renaissance de l’Afrique au XXIe siècle ; adopté lors de la conférence de l’Afrique Subsaharienne sur l’éducation pour tous du 6 au 10 Décembre 1999 à Johannesburg, Afrique du Sud
Le cadre d’action de Dakar : l’éducation pour tous : tenir nos engagements collectifs ; adopté lors du forum mondial sur l’éducation à Dakar, Sénégal du 26 au 28 Avril 2000
Les Objectifs du Millénaire pour le Développement (0MD)
La décennie de l’alphabétisation 2002-2013
Les Objectifs du Développement Durable (ODD)
Etc.
Si les autres régions du monde ont réussi le pari de la « scolarisation universelle au primaire », remporté le rude combat contre l’analphabétisme et, globalement, relevé le défi de la « qualité » et de « l’équité » ; l’Afrique, quant à elle, traine toujours les pas loin derrière.
A titre illustratif, dans le cadre de l’alphabétisation, certaines régions du monde ont enregistré une très forte progression depuis les années ‘’90’’ comme je l’ai souligné dans mon ouvrage ‘’L’éducation en Guinée : le regard d’un citoyen engagé’’ dans l’article intitulé ‘’l’alphabétisation : la Guinée recule’’.
C’est le cas de l’Asie du Sud-est dont le taux d’alphabétisation est passé de 46% en 1990 à 72% en 2016 ; l’Afrique du Nord et l’Asie de l’Ouest de 64% à 84% ; l’Asie de l’Est et du Sud-Est de 82% à 96% ainsi que l’Amérique Latine et les Caraïbes de 85% à 94%. L’Afrique Subsaharienne ferme la marche avec 65% comme taux d’alphabétisation.
En Guinée, selon le RGPH 2014, nous pouvons noter une régression progressive du taux d’alphabétisation. En effet, en 2007, le taux d’alphabétisation était de 34,5% sur le plan national dont 49,9% pour les hommes et 21,5% pour les femmes. En 2014, ce taux chute pour se retrouver à 32,0% soit 2,5% de moins.
Voici une preuve évidente du retard ahurissant du continent africain dans le domaine de l’éducation, pourtant, gage certain du progrès tant souhaité. L’éducation, on ne le dira jamais assez, est « la clef du développement et le seul vrai remède contre la pauvreté ». C’est « l’arme la plus puissante » qui nous permet de « transformer le monde ».
Pendant que les petits japonais, chinois, européens et américains jouent avec les nouvelles technologies, les petits africains jouent avec les poupées et autres jouets façonnés par leurs copains d’âges d’ailleurs. Pendant que les scientifiques de notre génération s’envolent vers les cieux à la conquête de nouveaux espaces d’habitation, nous, nous nous émerveillons devant notre petit écran. Pendant que les pays du nord s’aventure dans le numérique et l’intelligence artificielle, nous, nous continuons à apprendre les notions élémentaires de la lecture, de l’écriture et du calcul.
Pourtant, d’importants fonds qu’on pourrait évaluer en plusieurs centaines de milliards de dollars US, ont été mobilisés pour sortir l’Afrique de l’obscurantisme. Hélas !
Le continent noir semble « mal parti » et « sans avenir ».
Mais, comme « tant qu’il y a la vie, il y a de l’espoir », nous nous sentons interpeller pour penser à de nouveaux paradigmes, une nouvelle vision afin de bâtir une nouvelle école pouvant sortir « le berceau de l’humanité » de son « berceau ». Une école qui produira, en fin, des citoyens africains valables, guinéens en particulier, pouvant offrir une place de choix à notre beau continent au concert des nations.
‘’Ma vison pour l’école guinéenne’’ s’articule autour de sept points principaux à savoir :
L’africanisation
L’universalisation
La professionnalisation
L’innovation et la recherche
L’émancipation
La moralisation
L’ouverture.
I-AFRICANISATION
Chaque société humaine a sa propre façon de voir, de faire, de sentir et de penser ; bref, sa propre culture et sa propre histoire voire ses propres préoccupations. Le véritable développement est endogène avant d’être exogène. L’avenir se bâtit en s’appuyant sur l’histoire et le présent ainsi que les valeurs sociétales.
Tout s’apprend. L’Afrique n’est pas un continent pauvre en valeurs, en connaissances, en technicité et en technologie.
Une école est, normalement, un prolongement de la société, « une société en miniature ». Elle doit être enracinée au sein de la société dans laquelle elle est implantée.
L’école guinéenne telle qu’elle est aujourd’hui, poursuit les mêmes objectifs que « l’école coloniale » : la formation de « cadres subalternes », complexés, sans autonomie intellectuelle. Parce que tout simplement, on les enseigne dans la langue des autres et la culture des autres.
Notre école doit enseigner notre culture et notre savoir-faire dans notre langue. Nul n’a pu et ne peut se développer dans la langue d’autrui. Telle est la conception même des experts de la Banque Mondiale (cf. le rapport 2018 sur la crise de l’apprentissage) et de certains penseurs africains tel le célébrissime, Joseph KI-ZERBO ou encore le Malien, Elie KAMATE.
A ce propos, Abdou MOUMOUNI, cité par Elie KAMATE dans ‘’Quel développement pour l’Afrique ?’’, souligne : « l’introduction des langues africaines est le moyen de respecter et de sauvegarder la personnalité de l’enfant, le lien de l’école avec la vie et le génie des peuples africains ; c’est ainsi seulement qu’on peut préparer la renaissance des cultures africaines à travers le développement des langues nationales et la généralisation de leur utilisation dans l’enseignement comme dans tous les systèmes de l’activité sociale. »
On ne pourrait dire mieux qu’Elie KAMATE qui souligne : « il a été établi et convenu qu’aucune autre langue ne peut valablement remplacer la langue maternelle de l’enfant : psychologiquement, c’est le système de signes significatifs qui, dans son esprit, provoque automatiquement l’expression et la compréhension…Sociologiquement, c’est un moyen d’identification au sein de la communauté à laquelle il appartient ; et sur le plan éducatif, il apprend plus vite avec elle qu’avec une langue étrangère. »
Concernant les programmes d’enseignement, nous le savons tous qu’ils ne sont pas adaptés aux réalités socio-culturelles et mêmes celles politiques de nos sociétés. Pire encore, ils ne favorisent l’obtention rapide d’emploi car en déphasage, le plus souvent, à l’offre disponible. En fin, ils n’aiguillent pas l’esprit entrepreneurial et l’autonomie des apprenants.
A ce titre, Elie KAMATE souligne :
L’école importée, qu’elle soit de type capitaliste ou socialiste est incapable à elle seule d’assurer la socialisation et l’éducation des enfants africains. Qu’importe la méthode et le contenu de l’enseignement dispensé, l’école dite moderne ne peut extirper de l’enfant, les traces de son milieu d’origine, ni les remplacer. L’école moderne est toujours restée parallèle à une ‘’école populaire’’ où l’apprentissage s’effectue dans les rues, les champs, derrière les animaux ou à la maison. L’école du Blanc est venue doubler la vie quotidienne du petit africain. Désormais, ce dernier passe une partie de son temps, assis sur un banc entre les quatre murs d’une classe. Pour que l’apprentissage réussisse, il faut nécessairement que ce second milieu soit le reflet ou la continuation du premier qui est l’environnement de l’enfant. C’est alors qu’il aura le goût et la volonté d’apprendre. Il ne sera ni isolé, ni bloqué dans son psychisme et il se reconnaîtra à travers les valeurs culturelles que véhicule l’enseignement.
De la colonisation à nos jours, il y a des familles qui n’aiment pas l’école ou qui y inscrivent leurs enfants par contrainte. Cette attitude semble ahurissante, mais, ces pauvres parents ont pourtant raison. L’école métamorphose leurs enfants en les poussant parfois même à renier à leurs origines et à leurs valeurs. Ils finissent par être des rebelles contre les valeurs ancestrales en croyant religieusement à tout ce qui vient d’ailleurs et à tout ce que dit l’autre. Ce qui est contraire à la riche sagesse africaine qui prône la ‘’connaissance de soi’’ comme le recommande un certain Socrate « connais-toi, toi-même », dit-il.
Toute éducation qui ne nous aide pas à nous connaitre nous-mêmes est à rejeter. Notre école doit contribuer à la « renaissance africaine » tant souhaitée.
La Chine, le Japon, l’Inde, la Corée du Sud et les pays arabes avaient très bien compris la leçon. Aujourd’hui, ils titillent les grands de ce monde et traitent avec eux d’égal à égal.
Nous n’avons donc pas le choix car « on ne réinvente pas la roue ». Le retour à la source reste et demeure un passage obligé. Une école africaine au service de l’Afrique et des africains. Avant tout !
II-UNIVERSALISATION
En Guinée, le taux brut de préscolarisation est en dessous de 20% (13,1% dont 13,3% pour les filles) ; celui d’inscription au CP1 est de 98,9% dont 93,1% pour les filles ; 45,0% au collège dont 33,0% pour les filles et 29,4% au lycée dont 19,9% pour les filles selon les données de l’annuaire statistique 2016. Le taux d’analphabétisme est au-dessus de 60%. Malheureusement, notre pays n’a pas été au rendez-vous de la scolarisation universelle de l’an 2015 conformément aux recommandations du forum de Dakar ; encore moins de celui de la « décennie de l’alphabétisation ».
Cette situation alarmante nécessite l’attention particulière de tous. Comment atteindre « la scolarisation universelle » et endiguer l’analphabétisme ? Voici toute la question ! Il s’agira de :
construire et équiper des établissements préscolaires, des écoles primaires et des centres d’alphabétisation et d’apprentissage professionnel pour les jeunes non scolarisés (ou déscolarisés) et les adultes
construire et équiper des établissements secondaires (collèges et lycées) dans tous les districts et gros villages ou villages à fortes densités de la population
construire et équiper des établissements des lycées techniques et des lycées d’excellence dans toutes les préfectures et régions administratives du monde
construire et équiper des universités régionales modernes.
Comme le disait l’adage séculaire malinké « Karan Bali Yé Dibi lé rho » (l’analphabète est dans l’obscurantisme). Lorsque tous les guinéens de tous les âges sauront lire, écrire et compter convenablement, ils pourraient participer plus activement au développement économique du pays en appliquant la logique : Travail-Epargne-Investissement.
En plus, la construction massive d’infrastructures éducatives gardera les enfants auprès de leurs de leurs parents biologiques afin que ces derniers aient tout le temps nécessaire pour participer à l’éducation de leurs progénitures.
III-PROFESSIONNALISATION
Notre école, l’école guinéenne doit avoir une nouvelle orientation : une école orientée vers le développement.
Cette réorientation de l’école guinéenne ne serait être possible qu’en mettant ‘’la formation technique et professionnelle’’ au cœur de nos programmes de formation. Nous devons donc rectifier le tir, disons les erreurs commises par le passé en donnant la priorité non pas à l’accès à l’université, mais, aux écoles de métiers.
Dans mon mémoire de maitrise en Sociologie intitulé ‘’Mobilité Professionnelle des déscolarisés de Guinée : cas des commerçons de Conakry’’, 3/6 recommandations concernaient l’enseignement technique et la formation professionnelle à savoir :
multiplier la construction des écoles professionnelles et techniques…
sensibiliser les élèves quant à l’importance de s’orienter dans une école professionnelle ou technique pour empêcher le vain apprentissage des métiers de façon informelle…
regrouper les artisans victimes de déscolarisation dans des coopératives…
Comme indiqué dans mon mémoire ci-haut cité, P.6, en République de Guinée, plusieurs métiers sont pratiqués dans divers secteurs dont :
le secteur des métiers (forge, bijouterie, fabrication des clés, ferraillage, fonderie,…) ; le secteur du bois et fibres végétales (menuiserie, ébénisterie, boissellerie, natterie, vannerie, matelasserie, sculpture, confection de léfas,…) ; le secteur du textile (tissage, teinture, broderie, tricotage, couture) ; celui du cuir (tannerie, cordonnerie, tapisserie, maroquinerie) et du bâtiment (briqueterie, maçonnerie, carrelage, peinture, électricité, plomberie, vitrerie aluminium et exploitation de carrières).
Il y a également le secteur de l’alimentation qui comprend : l’art culinaire, l’extraction huile de palme et palmiste et l’extraction beurre de karité, de sel marin, broyage, décorticage de céréales, la boulangerie, la pèche, le fumage de poisson, la boucherie, la préparation de lait, beurre, yaourt, crème, pâtisserie, la préparation de boissons et la préparation de confitures. Ainsi que les prestations de services comme : la coiffure, la blanchisserie, la photographie, encadrement photo, charge batterie, dépannage radio, dépannage TV et magnéto, le rébobinage, mécanique auto et moto, réparation cycles, vulcanisation, l’horlogerie, la mécanographie, tôlerie, soudure, peinture, réparation froid, reliure, forage de puits, cirage. Sans oublier la calligraphie, fabrication d’instruments de musique, de cachets, la saponification et l’exploitation minière.
Tous ces métiers ou la plus part d’entre eux devraient être enseignés dans des écoles de façon formelle et sanctionnés par un certificat d’aptitude professionnelle.
Il faudrait aussi enseigner les arts (art plastique, peinture,…) d’abord dans l’enseignement fondamental (écoles techniques), ensuite dans les écoles professionnelles. D’où la nécessité de construire et équiper des écoles régionales d’arts et métiers (ERAM), des écoles préfectures d’arts et métiers (EPAM) et écoles sous-préfectures d’arts et métiers (ESPAM).
Ainsi, à l’espace de 5 à 10 ans, la population active guinéenne, surtout la jeunesse, se mettra au travail.
Pour ce faire, il faudrait que de fonds colossaux soient mis à la disposition des responsables de ce sous-secteur de l’éducation, comme à l’ensemble des acteurs du secteur de l’éducation dans sa globalité.
IV-INNOVATION ET RECHERCHE
Le jeune guinéen n’est pas bête. Comme nous le rappela un philosophe : « le bon sens est la chose au monde la mieux partagée. »
Il suffit juste de créer le cadre et les conditions, après s’asseoir et voir éclore son potentiel créatif. Cela, quel que soit son niveau d’instruction. Des petites voitures qui bougent, des guignols en barres de fer ou en carton qui rappent, des mini-barrages électriques, des avions volants,…On aura tout vu !
Il est temps pour nous d’investir dans l’innovation mais aussi et surtout dans la recherche. Il est temps de réveiller le génie créateur du jeune guinéen ou du guinéen tout court.
Les savants sont parmi nous, mais ils méritent d’être détecter et valoriser à l’instar des futures stars du monde sportif. Ceci, dans tous les domaines (les sciences de la nature, les sciences sociales et humaines, les lettres, l’environnement, l’informatique,…).
Pour ce qui est de la recherche scientifique, nous ne pouvons pas ne pas y investir ou s’y investir. C’est l’essence même du progrès, du développement socio-économique, culturel et politique.
Grace à la recherche scientifique-tous domaines confondus-l’homme est devenu le véritable maitre du monde. Il a repoussé la mer pour construire ou a même construit sur elle, il a éradiqué les pandémies les plus ravageuses, il a dompter les animaux et la terre, il a réduit les distances en transformant le monde en un petit « village planétaire », il a prolongé l’espérance de vie de l’homme sur terre et réduit la mortalité infantile et la morbidité, il a bouleversé l’ordre social ancien en octroyant les mêmes droits à tous, il a démystifié l’espace et marché sur la lune. Que sais-je encore ? Notre avenir réside dans notre volonté à investir dans la recherche.
Un important fonds d’appui à l’innovation et à la recherche devra être crée pour permettre aux génies créateurs de poursuivre leurs innovations et aux sociologues, ethnologues, anthropologues, géologues, historiens, médecins modernes et traditionnels,…d’approfondir et d’amplifier leurs activités salvatrices. Le métier de chercheur doit être connu, reconnu et valorisé. Les centres de recherche devront être relancés et multipliés. Les cabinets privés également devront être encouragés et soutenus pour plus d’efficacité sur le terrain.
C’est en cela, et seulement en cela, que le fatalisme céderait la place à l’objectivité et à la rationalité ; que le hasard reculerait face au prévisible et que notre pays emprunterait la véritable voie du progrès, de l’envol économique réel.
V-EMANCIPATION (sports, arts et culture)
L’école guinéenne est amorphe. Ça n’y joue pas du tout ou pas assez. Pourtant, à l’origine, le mot école est synonyme de jeux : schola qui signifie jeu ou loisir.
Une école, pour être attrayante, doit être animée ; il faut de l’ambiance. Car, l’éducation vise à développer à la fois les états moraux, affectifs, intellectuels et physiques de l’individu.
A ce titre, le sport doit être introduit dans le système éducatif guinéen à tous les niveaux : primaire, secondaire, technique et professionnel ainsi que supérieur. Les différents établissements scolaires et universitaires doivent tous avoir des aires de jeux de tous genres : football, lutte traditionnelle, athlétisme, basketball,… Et, des tournois doivent être institués à cet effet au niveau sous-préfectoral, préfectoral, régional et national sous l’égide du MEN-A et de ses structures déconcentrées.
En plus, les écoles doivent trouver, chaque année, des moyens et des occasions pour valoriser ou revaloriser nos différentes cultures à travers des défilés, des chants, des danses, l’art culinaire,…
Une des innovations dans ce sens serait de changer les tenues scolaires actuelles par des modes vestimentaires de nos différentes régions ou communautés sans discrimination des minorités ethniques (Lépi, Kendeli, Foret sacrée,…).
L’émission « culturellement vôtre » de la RTG pourrait servir de source d’inspiration.
VI-MORALISATION
L’école guinéenne est malade. On ne le dira jamais assez !
Malade de ses responsables-à tous les niveaux-qui trahissent leurs missions. Malade de ses enseignants mal formés, mal informés et corrompus. Malade des élèves et étudiants sans soucis et corrupteurs. Malade des parents d’élèves et d’étudiants qui ont démissionné. Malade de son sous-financement par l’Etat et les partenaires financiers. Malade de toute cette société civile qui ne se mobilise pas assez. Malade de tous ces voyous constitués en ‘’réseaux mafieux’’ qui font la ronde autour d’elle dans l’unique but de s’enrichir illicitement.
Il est donc temps de moraliser l’école guinéenne afin de soigner cette longue « crise de moralité » qui la gangrène sans cesse.
Pour cela, il faudrait vulgariser le ‘’code de déontologie de l’enseignant’’ s’il existe ou de l’élaborer afin que chaque enseignant ou professionnel de l’éducation sache comment se comporter vis-à-vis des élèves, de ses collègues, des parents d’élèves/étudiants, de ses supérieurs hiérarchiques et de ses subordonnés.
Il faudrait également rédiger ‘’un serment de l’enseignant’’ et le faire prester à tous les enseignants et professionnels de l’éducation car « n’enseigne pas qui le veut… » ; l’enseignement est un très noble métier qui ne mérite pas d’être souillé.
Il faudrait, in fine, renforcer le dispositif juridique pour réserver de très lourdes sanctions aux acteurs qui adopteraient des conduites anormales.
Ce qui nous permettrait dans un proche avenir d’avoir des cadres intègres, capables de mettre l’intérêt supérieur de la Nation au-dessus de toute autre considération.
VII-OUVERTURE
L’africanisation de l’école guinéenne ne signifie nullement repli sur soi.
Une fois que nous donnerions une nouvelle orientation à notre école, en fonction de nos valeurs et de nos préoccupations, il serait plus facile de s’ouvrir au monde.
Ainsi, nous pourrions détecter objectivement les meilleurs élèves et étudiants qui seront envoyés, sur un double engagement (boursier et parents), dans les meilleures écoles et universités du monde aux frais de l’Etat et qui, à leur retour, adapteront et transmettront leurs connaissances et expériences acquises ailleurs.
Avec cette stratégie, nous ramènerons chez nous les meilleures technologies du XXIe siècle et, également, les meilleures connaissances scientifiques dans tous les domaines. Nous nous doterons des meilleurs ingénieurs, des meilleurs médecins, des meilleurs sociologues, des meilleurs juristes, des meilleurs économistes,…Finalement, des meilleures universités, des meilleurs centres de recherche et des meilleures écoles.
Cette ouverture nécessiterait aussi l’apprentissage des « langues vivantes » pour faciliter des meilleures coopérations scientifique, culturelle, économique et politique avec les autres pays d’Afrique et du reste du monde.
Je termine cette analyse par l’article 1, Aliéna 1 de la ‘’Déclaration mondiale sur l’éducation pour tous’’ à Jomtien, Thaïlande, 1990 :
Toute personne-enfant, adolescent ou adulte-doit pouvoir bénéficier d’une formation conçue pour répondre à ses besoins éducatifs fondamentaux.
Ces besoins concernent aussi bien les outils d’apprentissage essentiels (lecture, écriture, expression orale, calcul, résolution de problèmes) que les contenus éducatifs fondamentaux (connaissances, aptitudes, valeurs, attitudes) dont l’être humain a besoin pour survivre, pour développer toutes ses facultés, pour vivre et travailler dans la dignité, pour participer pleinement au développement, pour améliorer la qualité de son existence, pour prendre des décisions éclairées et pour continuer à apprendre. Le champ des besoins éducatifs fondamentaux et la manière dont il convient d’y répondre varient selon les pays et les cultures et évoluent inévitablement au fil du temps.
Je tiens, tout de même, à souligner que cette analyse est loin d’être une œuvre parfaite. Je suis ouvert à toutes critiques objectives et, je suis disposé à y apporter des améliorations afin de la peaufiner davantage pour le bien de l’école guinéenne en particulier, celle africaine en général.
Aboubacar Mandela CAMARA
Sociologue/Enseignant-Chercheur/Consultant en éducation/Auteur
Promoteur et Défenseur du droit à l’éducation
Tél. : 00224 628 13 36 09/Email : amcmandela@gmail.com