Votre quotidien loupeguinee.com dans sa rubrique, « loupe-sur-elles », cherche à faire connaitre le parcours et la vie des femmes de tout bord. Une façon de montrer et savoir comment elles ont évolué et évoluent pour pousser certaines aussi de se lever. Dans cet autre numéro, nous vous proposons une femme qui a compris très tôt que la vie est un combat, la vie n’est pas une fatalité, la vie n’est pas fortuite. Il s’agit de Hadja Mariama Camara communément appelée ‘’Marie’ ’diplômée en sociologie à l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry (UGANC).
Parlez-nous de vous ?
Je suis née dans une famille intellectuelle. Mes parents étaient tous des cadres de l’Etat. Mon père a même lutté pour l’indépendance au sein du parti PDG-RDA. A l’école primaire, j’étais vraiment aisée parce que j’étais parmi les enfants des intellectuels. Mes parents étaient très fière de moi. Après le primaire, je me suis séparée de mes parents pour aller faire le collège à Kindia. C’était en 1965. Après le collège, je suis retournée à Mamou où j’ai fait le lycée. Quand je suis admise pour l’université, on m’a envoyé à Kankan où j’ai fait une année. J’ai quitté à cause de la précarité avec la vie d’internat. On menait une vie très pénible. Donc, je me suis arrangée à changer d’université même d’option parce que je faisais l’agronomie à Kankan. Je suis venue à Gamal Abdel Nasser de Conakry où j’ai fait la sociologie.
Après les études comment vous avez obtenu le premier boulot ?
Quand j’ai fini mes études supérieures, à l’époque, j’avais un oncle qui était ministre des affaires étrangères qui m’avait fait venir directement à son département. J’ai commencé en tant que stagiaire à la division politique. C’est de là que j’ai commencé mes pas dans l’Administration guinéenne. Après 2 ans de stage, j’ai été engagée à la fonction publique. De 1975 à 1989, j’étais aux affaires étrangères. Dans la même année, on a instauré le ministère de la Coopération et je demandais ce qu’on m’affecte là. J’ai travaillé au ministère de la Coopération jusqu’à 2003 et j’ai pratiqué presque tous les échelons à la coopération. Beaucoup de ministres m’ont trouvé à la Coopération durant les 19 ans. En 2003, on m’a affecté à l’ambassade de Guinée au près du royaume du Maroc comme première secrétaire chargée des affaires économiques et commerciales. Jusqu’en 2010, j’étais au Maroc et j’ai eu une promotion au sein du l’ambassade comme premier conseiller politique de l’ambassade. En 2013, j’ai été rappelée, je suis venue me présenter à la coopération et j’ai sollicité de me retrouver à mon ministère de tutelle et directement, j’ai été nommée chef de division de la coopération bilatérale avec les européennes et océanes. C’est le poste que j’occupe actuellement comme fonction au ministère de la coopération.
Un mot pour les filles et femmes qui pensent que si ce n’est pas leur beauté elles ne peuvent pas évoluer
Le parcours d’un être que ce soit une femme ou un homme ce n’est pas aisé. La vie est une perpétuelle lutte. Rien n’est fatalité dans la vie, dire que c’est la fatalité c’est une fuite en avant. Il n’y a pas de fatalité dans la vie d’un homme. Si tes parents ont investi à ton éducation, une fois tu arrives à un certain âge, tu dois cultiver en toi-même, il faut se battre. Ça, c’est valable pour la femme guinéenne, c’est valable et pour la femme et pour l’homme. Moi, je suis très fière de la femme guinéenne, quand je pense à nos devancières les M’mafory Bangoura, les Loffo, c’est une fierté. C’étaient des femmes qui n’ont pas fréquenté l’école mais s’affirmaient déjà sur le plan national et international. Ce n’est pas une question d’étude, il faut se créer un parcours, il faut se créer une histoire que ce soit dans ton ménage, derrière ton étalage, il faut toujours chercher à te donner une certaine image à créer ton histoire. Il faut se battre rien n’est fortuit.
Moi, j’ai remarqué des filles qui n’ont pas été à l’école, mais qui ont la tête sur les épaules. Ce sont des filles qui ont une vision de la vie. Elles se disent, je ne suis pas allée à l’école, mais je me battrai pour arriver à mes fins pour ne pas qu’un homme brise ma vie. Comparativement aux filles qui vont à l’école, elles sont là, elles ne savent même pas ce qu’elles doivent faire dans la vie. Quand tu as la capacité de vivre sans tendre la main à un homme ou attendre qu’un homme vient te donner ce dont tu as besoin, dis-toi que tu es une femme brave, bénie. Rien n’est plus beau que de voir une femme qui se prend en charge.
Elle demande le divorce pour aller chercher un boulot
Quand j’ai fini les études, j’ai eu un mari qui m’a épousé amener en France. Toutes mes copines m’enviaient. Je n’avais même pas soutenu, mon oncle me dit c’est une chance pour toi quand tu reviens tu vas soutenir. Je suis allée, malheureusement ça n’a pas fait long feu, c’était comme si je me suis fait des illusions. Mon partenaire ne m’avait pas dit la réalité en France. Une jeune fille d’une vingtaine d’années qui finie les études qui tombe dans les mains d’un homme de la diaspora, heureusement je me suis ressaisie à temps, j’ai pesé le pour et le contre et j’ai dit cette vie ne me convient pas, elle ne me sera pas bénéfique. C’est comme ça tout doucement, je me suis défait de cet homme. J’ai divorcé, je suis revenue en Guinée et c’est ce qui m’a permis d’être ce que je suis aujourd’hui.
Saidou Diallo 00664379620