nquiet de la détermination du président guinéen à solliciter un troisième mandat, l’Union africaine, en bonne intelligence avec Washington, a dépêché le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed Ali à Conakry.
Le 7 janvier au soir, ce n’est pas en famille que le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed Ali a fêté le Genna, le Noël orthodoxe éthiopien, mais à plus de 1 000 kilomètres de chez lui, à Conakry, sur la terrasse de l’hôtel Sheraton de la capitale guinéenne. La cérémonie a permis de rompre la glace avec son hôte, le président guinéen Alpha Condé. Abiy Ahmed, auréolé du Prix Nobel de la paix qui lui a été décerné en octobre dernier, était venu tenter de le convaincre de renoncer à ses projets de troisième mandat (LC n°806), et ce au nom de l’Union africaine (UA). Les deux dirigeants ont discuté en tête-à-tête une bonne partie de la nuit autour d’un énorme gâteau préparé pour l’occasion.
Lui-même président de l’UA entre 2017 et 2018, Alpha Condé avait très mal pris les critiques à peine voilées formulées l’été dernier par plusieurs dirigeants africains sur ses projets politiques intérieurs. En signe de mauvaise humeur, le président guinéen avait accueilli début juillet 2019 à Conakry, quelques jours avant que ne s’ouvre le sommet annuel de l’Union africaine à Niamey, le président de l’Etat auto-proclamé du Somaliland, non reconnu par l’UA.
Pour tenter de ranger son hôte à ses arguments, Abiy Ahmed a non seulement évoqué l’opposition de ses pairs africains à un éventuel troisième mandat, mais également celle des Etats-Unis. Comme l’avait révélé La Lettre du Continent, le secrétaire d’Etat Mike Pompeo avait très clairement signifié à Alpha Condé, en septembre, l’opposition de Washington à un troisième mandat (LC n°811).
Mais les arguments d’Abiy Ahmed se sont heurtés au soutien inconditionnel offert par les deux principaux alliés de Conakry, la Turquie et la Russie, aux projets d’Alpha Condé.
Source : La lettre du continent