Chers lecteurs, la rubrique loupe-portrait s’intéresse cette fois-ci à une personnalité publique, un haut cadre du pays, un homme politique bien entendu. Il s’agit de M. Ibrahima Cherif Bah, ancien gouverneur de la Banque centrale de la République de Guinée (BCRG) , actuellement vice-président de l’Union des forces démocratiques de Guinée UFDG.
Ce grand monsieur nous dira dans cette rubrique qui il est, les différentes fonctions occupées et pourquoi il s’est lancé en politique.
Lieux de naissance et études scolaires
J’ai un nom peul Bah parce que mon père est peul, mais ma mère est Malinké. Je suis né en Basse Guinée chez les sousous et les Bagas et j’ai des neveux Kissi et Toma.Je suis un métis et un guinéen type. Je suis chez moi à Koba,à Boffa, à Timbi ,à Pita, à Foulamory, à Gaoual, à Wawa Kindia bien que de par la loi je suis partout chez moi en Guinée. Donc j’ai l’avantage de parler deux langues guinéennes , le Pular et le Soussou ; le malinké je ne l’ai pas parlé parce que ma Maman était seule elle ne pouvait pas parler malinké couramment à la maison et l’environnement extérieur était soussou et Baga. Une langue de plus ouvre le monde. J’ai étudié à Koba, (sous-préfecture de Boffa où je suis né) à l’école primaire de Basséngué , puis le collège à Boffa centre et le lycée à Conakry à Donka. J’ai fréquenté l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry où j’ai gradué en 1973 à l’école supérieure d’administration dans l’option économie finances.
Ibrahima Cherif Bah enseignant
On est sorti de l’université à un moment où le pays était vraiment en difficulté en 1973 car suite à l’agression du 22 novembre 1970 il y a eu beaucoup de difficultés dans les années suivantes pour le pays. Il manquait de tout , des enseignants à tous les niveaux notamment dans l’enseignement supérieur. Étant l’un des majors de la promotion et de la classe en économie et finances tout de suite le gouvernement a décidé que les meilleurs dans chaque domaine restent pour enseigner .j’ai été voir la directrice des études de l’université Madame Josephe Noël ( paix à son âme ) pour lui dire que moi je ne sais pas enseigner ,je ne suis pas professeur et que j’ai fait l’option économie finances. Elle me dit camarade Bah c’est une décision de la révolution vous allez enseigner toi et Mansaré. A l’époque la fonction enseignante était fuie par les gens parce que le secteur là était mal loti. Donc si on te dit que tu vas enseigner c’est comme si on va te punir. Mais je n’avais pas le choix j’ai accepté et j’ai enseigné. Et ceci me donne l’avantage aujourd’hui de dire que dans le gouvernement actuel et les gouvernements passés j’ai des gens que j’ai enseignés et qui sont des ministres. Tels que Kassory Fofana premier ministre , Check Camara ministre des finances, Yacine Barry ministre de l’industrie, Béreté ministre de la coopération .J’ai enseigné beaucoup de hauts cadres. La fonction enseignante est vraiment noble elle est dure mais noble elle te donne l’occasion d’être satisfait d’avoir fait quelque chose pour ton pays.
Au ministère des mines , une formation aux États-Unis
Un beau jour , le ministre des mines Abraham Kabassan Keita m’a convoqué et m’a fait savoir qu’il veut que je travaille avec lui. Je lui ai dit : mais moi je suis enseignant .Il dit oui mais tu pourras faire les deux c’est ce qu’on appelle enseignant-extramuros dit-il. Au ministère des mines j’ai fait ce que j’ai pu . C’est du ministère des mines que je suis allé faire ma maîtrise, aux Etats Unis d’Amérique grâce au système de bourses Halco. Il y avait au niveau de Halco Mining ( partenaire B de l’Etat guinéen dans CBG) un directeur qui s’appelle Pédro –Pablo Kuszinsky et qui a suggéré un système de bourse à travers lequel deux jeunes cadres guinéens étaient envoyés aux État-Unis pour être formés afin de rehausser le niveau de l’administration guinéenne et de la CBG . Le gouvernement a accepté le principe de cette bourse. Ils ont programmé un concours, j’ai participé au concours et j’étais premier d’un premier groupe de quatre; je suis parti aux États-Unis où j’ai fais trois ans de Formation pour obtenir le MBA ( Master in business administration) . Je suis rentré en 1983. Donc le ministère des mines m’a permis , à travers cette bourse ,d’apprendre l’anglais. Les trois (3) ans que j’ai passés aux États-Unis m’ont beaucoup influencé utilement parce que cette partie est l’une des meilleures partie de ma jeunesse estudiantine. Durant ces trois ans j’ai connu des américains, des latinos américains, des africains. Le système américain que j’ai appris ,c’est un système ouvert, ils n’aiment pas faire beaucoup de théories avec des développements dialectiques et autres, ils aiment aller droit au but. Ils sont pragmatiques. Ceci m’a permis dans ma carrière future d’être plus efficace.
Après États-Unis
Toujours au ministère des mines où j’ai occupé la fonction de chef de la division du contrôle financier au temps d’ Ismael Touré ( frère de Sekou Touré ). Cette division avait pour rôle d’étudier tous les problèmes financiers en rapport avec les entreprises minières et faire le rapport au ministre. Donner une idée sur ce qui se passe dans les entreprises minières et aussi dans les projets miniers qui n’étaient pas encore au niveau d’obtenir des permis d’exploitation.
Je suis resté au ministère des mines pendant trois ans entre temps le régime a changé.
Ibrahima Cherif Bah directeur financier d’OBK (Office des Bauxites de Kindia)
En 1986, je suis nommé directeur financier d’OBK. A ce niveau, avec Monsieur Mamadou Sylla, mon directeur qui m’a fait nommer à ce poste, nous avions fait de notre mieux pour moderniser la gestion de l’entreprise . Je dois dire que j’ai introduit à OBK les premiers états financiers modernes à l’époque et mon directeur à l’époque a fait en sorte que la société se modernise en terme de structure, de gestion il a fait des nouveaux statuts pour changer OBK en SBK ( société des bauxites de Kindia). J’ai quitté SBK en 1989 pour retourner au cabinet du ministère des mines encore.
Au ministère des finances
Le ministre de l’économie et des finances à l’époque monsieur Édouard Benjamin m’a repéré en 1990 ; il avait besoin d’assainir les finances publiques notamment au niveau de la solde c’est à dire de la paie des fonctionnaires . Il soupçonnait qu’il y’a un important détournement des fonds soit des fictifs, soit des gonflements des montants mensuels liquidés au Trésor.
Il m’a dit Cherif, tu viens m’aider à assainir cette affaire de solde c’est ça ta mission essentielle. Au même moment nous avions reçu à installer un système informatique au ministère de la fonction publique et un système informatique au ministère de finance pour la paie, les deux travaillaient en tandem :le système installé au ministère de la fonction publique mettait à jour les dossiers des fonctionnaires qui étaient donc renvoyés au ministère des finances et nous tirons les soldes . C’est à l’époque qu’on a commencé à tirer les soldes informatisés avec un bulletin de paie très bien précis. Bien entendu il y a eu beaucoup de difficultés pour aboutir à un résultat parce qu’il y avait tout un réseau qui se faisait de l’argent au niveau du ministère d la fonction publique et au ministère des finances. Ils nous ont critiqué pendant trois mois mais on a réussi à le faire et cela a tellement réussi que tous les milliards investis à la réforme et aux finances sur les systèmes informatiques ont été amortis en trois mois. Ainsi donc ce sont des milliards qu’on a récupérés comme économie de solde.
A l’époque nous étions cinquante Cinque mille fonctionnaires environ . Chaque semaine ou quinzaine nous , monsieur Billy Nankouman Doumbouya ,l’actuel ministre de la fonction publique ,en ce temps directeur national de la réforme administrative et moi directeur de budget on vérifiait l’effectif des fonctionnaires et on regardait les cas de radiations par décès ou par démission , les nouveaux venus …Il y avait une surveillance stricte de la solde d’autant plus que cet agrégat était un des critères quantitatifs le plus important dans le cadre du Programme Guinée/Fonds Monétaire International.
C’était une des première fois qu’avec le FMI le programme d’ajustement structurel était mis en œuvre avec des critères de réalisation quantitatives et structurels .
A suivre !
Saïdou Diallo 00224664379620