Étonnant et surprenant mais pas tout à fait.
Étonnant quand un décret présidentiel n’a plus de valeur. Quand des décrets présidentiels pleuvent quotidiennement à la portée de tous sauf ceux qui s’y opposent au pouvoir. Bénéficier d’un décret, d’une nomination n’est plus un mystère ni une mérite pour servir sa nation. La douceur de la Guinée actuelle dépasse les limites du possible. On dirait que des conteneurs de décrets stockés dorment à Sekoutoureah. Pour que ces décrets se signent et lisent à la télévision nationale, il suffit de lancer un mouvement de cinq, dix, quinze, vingt personnes pour chanter en faveur d’un pouvoir qui ne voit qu’une continuité dans sa gestion. Tout pour les copains, rien pour les autres. L’essentiel est de rester aussi longtemps qu’il faut. Une vie descente de l’ensemble n’est point une question sur table. Créer un mouvement de soutien mène à deux endroits. Il faut parler au plaisir du pouvoir pour être parachuté à la fonction publique. Il faut aussi parler contre le pouvoir pour séjourner à la maison centrale. Pendant que l’administration se remplisse du jour au jour. Les nominations tombent comme des mangues mûres. Conséquences des mouvements de soutien à notre grand parti au pouvoir. Qu’en est-il de ceux qui n’ont pas pu ou voulu se vendre à nous? Ne sont-ils donc pas de guinéens? N’ont-ils donc pas de droit dans les privilèges d’être guinéen, de bénéficier d’un emploi décent en fonction de sa compétence.
Même si ces décrets de récompense ne cessent , il faudrait tout de même penser au partage équitable des biens communs : les ressources que Dieu a donné à la Guinée de par sa nature.
Une justice équitable est aussi à espérer. Pourtant une justice à deux poids deux mesures ne fait qu’irriter la colère des « discriminés » .
Cependant, Il faut dire à haute voix qu’une bonne partie des guinéens sont privées de liberté.
Des décrets de nomination ne sont point étonnants. La simple raison est qu’on est dans un Etat très indépendant. Les gouvernants se sentent tellement à l’aise pour eux , il n’y a aucune pression derrière. Ce qui permet d’agir à la volonté du chef. On ne peut pas impérativement parler de surprise dans ce cas puisqu’il n’est un secret pour personne que la classe dirigeante est aussi compétente qu’elle est irremplaçable. Ils nous ont calqué qu’ils faut eux au pouvoir pour que ce pays décolle. Au lieu de dégager son bilan et tirer des leçons sur l’échec, on monte des projets gigantesques fantômes pour parler de réalisations. Alors que le constat est clair. Les infrastructures sont palpables. Tout cela est justifiable pour celui qui s’intéresse à l’agenda des chefs. On appelle à une réunion que lorsqu’il s’agit de parler politique. Des montants colossaux sont disponibles pour des journées de Mamaya. Ces montants sont destinés à des fêtards des gourmands comme des vicieux de l’appétit mangent et effacent les traces des milliards dans des propagandes inutiles. L’objectif c’est de faire savoir au président qu’on est en vie. Mais pas par de bons projets de développement. C’est des fanfares, des groupes d’artistes, décorations qui coûtent des millions, juste une seule journée. La concurrence se fait en organisation de fête. Et une semaine après on s’attend à des décrets. La compétence n’est pas sur la ligne des critères. Il faut plutôt se montrer très JAUNE comme lui. Être JAUNE est le critère indéniable, irrévocable pour être nommé. Il faut donc chanter et danser en JAUNE pour mériter ce qu’on doit ou pas mériter.
Il a fallu à la Guinée un certain Alpha Condé pour en arriver là.
Siradio Kaalan Diallo, journaliste