Alpha Condé, par sa volonté de rester au pouvoir par tous les moyens, a créé les conditions pour que le coup d’État soit perçu comme une libération.
Près de deux ans après ce putsch, la plupart des guinéens sont toujours assoiffés de changement. Le libérateur Mamadi Doumbouya est décrié, par l’opposition qui l’accuse de confisquer le pouvoir et de faire taire toute voix discordante.
Très critiqué depuis le recyclage des anciens dignitaires du régime défunt, l’arrestation des Leaders du FNDC, la poursuite des poids lourds de l’opposition et surtout la répression sanglante des manifestants de l’opposition, Mamadi Doumbouya fait face à des sérieux problèmes de gouvernance.
L’homme qui a pris le pouvoir pour rompre avec les pratiques du passé est entrain de reproduire les mêmes pratiques du régime qu’il a fait tomber. Plusieurs acteurs de la société civile guinéenne sont arrêtés et jetés en prison pour leurs opinions.
C’est le cas du coordinateur du FNDC Oumar Sylla Foniké Mengué et de ses lieutenants, Ibrahima Diallo et Billo BAH sans oublier les exilés politiques comme Cellou Dalein Diallo de L’UFDG, Sydia Touré de l’UFR, l’artiste Djani Alpha et l’activiste Mamadou Kollon Sylla devenu opposant à tous les régimes qui se sont succédés en Guinée. Sous le règne sans partage d’Alpha Condé, des opposants et militants pro démocratie avaient subi le même sort que les nouveaux locataires de la prison civile de Coronthie. Souleymane Conde coordinateur du FNDC aux Etats Unis d’Amérique avait passé plusieurs mois en prison avant d’être relaxé et forcé à l’exil.
Cellou Baldé, Abdoulaye BAH tous responsables de L’UFDG ont vécu la même situation.
En dépit des dérives évidentes du pouvoir, corruption, violences policières et militaires, le pouvoir de Mamadi Doumbouya repose sur le soutien apporté par l’armée, un appui qui ne va cependant pas sans tensions récurrentes.
Dans l’atmosphère de fin de règne qui caractérise aujourd’hui la Guinée, les véritables acteurs du jeu politique sont soit arrêtés ou forcés à l’exil.
Les risques d’implosion sociale et politique sont d’autant plus réels que l’économie guinéenne est au plus mal. À Conakry, les coupures d’eau et d’électricité ont repris de plus belle.
Plusieurs manifestations spontanées ont eu lieu à Conakry et à l’intérieur du pays pour protester contre les conséquences de ces coupures. Les prix des produits de base ont également flambé sur le marché guinéen.
Ce sont toujours les conditions politiques qui facilitent l’arrivée au pouvoir des militaires. Si on n’avait pas eu le troisième mandat d’Alpha Condé, les militaires n’auraient jamais pris le pouvoir aussi facilement.