La Guinée est gouvernée par une foire de diversions. Alors que la Junte qui commande Conakry devrait travailler pour le retour rapide à l’ordre constitutionnel, elle fait plutôt usage de subterfuges destructeurs des valeurs morales de la parole donnée du colonel Mamadi Doumbouya, lors de la prise illégale mais légitime du pouvoir le 5 septembre 2021.
Tenez ! En une semaine du mois d’octobre, plusieurs rumeurs entretenues « par les tenants du pouvoir ont dominé l’actualité ». Le passage au savon des Directeurs des Affaires Administratives et Financières (DAF) connu sous la cohorte des 518 et la confiscation de leurs documents de voyage ont été mal perçus par une bonne partie de l’opinion publique du pays. Car la seule justification visible était selon une source administrative, que « ceux-ci sont présumés être toujours fidèles au Président déchu Alpha Condé. Une accusation qui fait suite à leur mobilisation pour rendre hommage à un des leurs, Youssouf Sampil, décédé le 13 octobre au Maroc, où il était en exil depuis la chute brutale de son mentor ». Le Procureur spécial près la Cour de répression des infractions économiques et financiers (CRIEF), inondé par des revers, Aly Touré légalisera, le 19 octobre, « le forcing juridique » contre les 34 DAF.
Et comme pour divertir les esprits critiques, la presse locale annoncera aussi que les documents de voyage des Directeurs Généraux des entreprises étatiques et ceux de leurs Adjoints sont également saisis. Ainsi, une source locale constatera auprès de la Banque Centrale que des comptes bancaires de certains de ces établissements publics relevant du portefeuille de l’État font l’objet « d’une restriction de mouvement de fonds avec impossibilité de décaissement ». Et des membres du gouvernement prennent d’assaut les médias locaux pour expliquer le bien fondé de telles mesures conservatoires.
En voilà un autre scénario beaucoup plus rocambolesque. Les passeports diplomatiques et de services des membres du gouvernement sont retirés par la Présidence de la République. Ainsi, le 23 octobre (soit 3 jours après l’inhumation de feu Sampil), Bernard Goumou le Premier Ministre sort de son long sommeil et brandit un communiqué qui lui attribue la paternité de cette dernière décision. Pour dit-on « améliorer les formalités administratives des voyages professionnels ».
Alors que la rumeur dominante soutenait une imminente mise en place d’un gouvernement d’ouverture avec un politique comme Premier Ministre en remplacement de Goumou, le colonel Doumbouya semble avoir tourner le dos à cette perspective. Curieusement, les travaux du Conseil des Ministres du 27 octobre, Bernard Goumou a commencé son message par renouveler sa confiance ainsi que celle du Président Doumbouya en chacun des membres du gouvernement. A cet effet, le Chef du gouvernement a exhorté chaque membre du gouvernement à rester positif et concentrer sur l’essentiel, une des raisons de la confiance portée en lui par le Chef de l’État.
Tout ceci semble être l’ingrédient préalable à des futures décisions, « probablement impopulaires ». Assaisonnées par le déguerpissement des encombrants physiques sur les routes. La durée de deux ans de la transition étant presque arrivée à terme, il faut trouver des alibis. Donc, il faut créer une crise préalable à l’annonce de sa prolongation. Et la seconde prochaine décision serait que tout autre ancien membre du gouvernement ou parlementaires qui sont des abonnés aux passeports diplomatiques, puisse se soumettre ou entendre la mélodie de « la déclaration de perte » contre eux. N’est-ce pas que « la fin justifie les moyens » ?
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