Il y a des mots qui bousculent, des déclarations qui déconcertent, et parfois, des phrases qui font honte à ceux-là mêmes qui les prononcent. C’est dans cette dernière catégorie que s’inscrit la récente sortie de Pathé Moloko, figure de la musique pastorale foutanienne, qui a affirmé publiquement aimer le général Mamady Doumbouya plus que sa propre mère, son père, et même ses enfants.
Une déclaration à la télévision qui a jeté un froid, choqué l’opinion, et déclenché une salve d’indignation sur les réseaux sociaux. Une question s’impose : Koto Pathé, qu’as-tu mis dans ton pain avant de prendre le micro ?
L’admiration, aussi sincère soit-elle, a ses limites. Elle ne peut, en aucun cas, justifier le reniement des liens sacrés que sont la famille, la filiation, l’héritage humain et moral. La mère, ce refuge éternel. Le père, ce repère silencieux. Les enfants, cette part de soi projetée vers l’avenir. En balayant tout cela d’un revers de phrase, Pathé Moloko a franchi une ligne rouge.
Ce n’est pas l’homme politique qu’il faut blâmer ici, mais l’artiste, qui s’est publiquement abaissé dans une déclaration teintée de flagornerie. Car Pathé Moloko n’est pas un inconnu : il est une voix respectée, un porteur de tradition, un visage familier de la culture guinéenne. Voir un tel homme troquer la sagesse contre la soumission ostentatoire laisse un goût amer.
On peut soutenir un dirigeant. On peut exprimer de la reconnaissance. Mais on ne vend pas son âme, ni ne piétine les siens pour se rapprocher du pouvoir. Ce spectacle navrant trahit surtout une faille plus large : celle d’une société où certains sont prêts à tout – même à l’absurde – pour s’attirer les faveurs du moment.
Il n’est pas trop tard pour Pathé Moloko. Mais il lui faudra retrouver le chemin de l’honneur. Celui où la voix qui chante ne trahit pas les siens, mais les élève. Où l’artiste éclaire, au lieu de s’éteindre dans l’ombre de l’obséquiosité.
Parce qu’aucun chef d’État, si puissant soit-il, ne pourra jamais remplacer une mère.
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