C’était une annonce pleine de panache, de celles qui ravivent l’espoir et font vibrer la corde patriotique. Le 28 février 2025, la Guinée franchissait un seuil historique avec le lancement officiel de New Guinea Development (NGD), première marque automobile nationale, lors d’une cérémonie solennelle au Palais du Peuple. Un tournant symbolique, un message fort : la Guinée veut enfin se tailler une place dans le monde de l’industrie.
Mais très vite, un doute s’est immiscé, sous forme de question, simple mais implacable : « Qui a vu cette usine ? »
Car si le projet NGD a été annoncé avec éclat, l’infrastructure censée le matérialiser reste invisible. Où se trouve cette fameuse usine ? Quelle est sa capacité réelle ? Est-elle opérationnelle ? Qui sont les partenaires techniques derrière cette aventure ? Sur tous ces points essentiels, le silence est étonnamment profond.
Une prouesse annoncée, sans preuves visibles
Sur le papier, le lancement de NGD constitue une avancée majeure. Pour un pays longtemps réduit à exporter ses matières premières, voir émerger une industrie automobile locale serait un bouleversement positif. Emplois, formation technique, innovation locale, réduction des importations : les bénéfices potentiels sont immenses.
Mais pour l’instant, le rêve reste flou. Aucune image de l’usine, aucun reportage, pas même une simple visite guidée des lieux. La communication, pourtant essentielle dans un projet de cette ampleur, semble absente. D’où la crainte que cette initiative ambitieuse ne soit qu’un effet d’annonce, sans fondations solides.
Une industrialisation attendue… mais à quelles conditions ?
Dans un pays où les grands projets peinent souvent à se concrétiser ou à durer, l’exigence de transparence est cruciale. NGD, pour tenir ses promesses, devra se montrer, se prouver, s’expliquer. Sans cela, l’euphorie des débuts risque de se transformer en déception collective.
La question n’est donc plus seulement : « Qui a vu l’usine ? », mais bien : la Guinée est-elle prête à soutenir une véritable révolution industrielle ? Dispose-t-on des infrastructures, des compétences, de l’écosystème économique nécessaires pour aller au bout de cette ambition ?
Le public comme les investisseurs attendent désormais des réponses concrètes. Où en est la chaîne de production ? Quels modèles sont en développement ? Quels sont les délais de commercialisation ? Qui sont les partenaires industriels ? Autant d’éléments qui doivent être partagés sans détour.
NGD peut devenir bien plus qu’un symbole : un catalyseur de transformation économique pour la Guinée. Mais pour cela, le projet doit sortir de l’ombre, être rendu visible, vérifiable, et piloté avec rigueur.
Le lancement de NGD marque peut-être une nouvelle ère pour l’économie guinéenne. Mais cette ère ne pourra s’écrire que dans la clarté, avec des actes à la hauteur des ambitions. Car aujourd’hui, une question persiste, et elle est plus que jamais légitime :
« Qui a vu cette usine ? »
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