Dix ans après les violences qui ont secoué la capitale guinéenne à la suite de l’élection présidentielle de 2015, les commerçants de la gare routière de Madina continuent de réclamer justice pour les pertes colossales subies lors des affrontements. À travers leur président, M. Ibrahima Tall, ces victimes de pillages et d’incendies lancent un nouvel appel aux autorités guinéennes pour une réparation effective des préjudices.
Selon l’Association des commerçants de Madina gare routière, les violences postélectorales ont affecté 404 boutiques et kiosques, entraînant des pertes estimées à près de 145 milliards de francs guinéens (environ 13,5 millions USD au taux de change actuel), selon les constats réalisés en 2016.
> « Nous demandons aux autorités de reconnaître nos droits et de procéder à la réparation des dommages que nous avons subis », a déclaré Ibrahima Tall lors d’une conférence de presse tenue ce 9 octobre 2025 à Conakry.
Les pertes ont été minutieusement documentées, avec une répartition par zones de la gare routière. Parmi les plus touchées figure la zone I, avec seulement 14 victimes recensées mais des pertes estimées à près de 65 milliards GNF. Les zones F, C, et H affichent également des bilans financiers lourds, soulignant l’ampleur des destructions.
Une procédure judiciaire a été introduite en décembre 2015 devant le tribunal de première instance de Conakry 3. Les communes de Matam, Matoto et le Gouvernorat de Conakry, considérés comme démembrements de l’État, sont les principaux mis en cause. Cette action repose sur l’article 280 du Code des collectivités locales guinéen, qui prévoit la responsabilité civile des entités administratives en cas de préjudice causé à des tiers.
Pourtant, malgré l’ouverture du dossier, les commerçants affirment n’avoir reçu aucune compensation à ce jour, ni même de réponse formelle de la part des autorités.
Alors que la Guinée s’efforce de tourner la page d’un passé politique marqué par des tensions récurrentes, les victimes de Madina insistent sur l’importance de la justice comme préalable à toute réconciliation.
« Nous avons entendu l’appel au pardon lancé par l’ancien président Alpha Condé. Mais nous exigeons d’abord la réparation avant le pardon », a déclaré M. Tall, en appelant également à l’intervention des organisations de défense des droits humains.
Ce dossier reste un symbole du défi que représente l’indemnisation des victimes civiles dans des contextes de violence politique en Afrique de l’Ouest. Il interroge aussi sur la capacité des institutions judiciaires et gouvernementales guinéennes à garantir la justice et la réparation dans un cadre d’État de droit.
Alors que la date commémorative du dixième anniversaire des violences passe, les commerçants de Madina espèrent que leur appel trouvera un écho au sein du gouvernement actuel, et que des mesures concrètes seront prises pour restaurer la confiance entre citoyens et institutions publiques.
Conakry 9 octobre 2025
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