Quand on manifeste pour un salaire impayé, on espère au mieux un virement, au pire un licenciement. Mais à Niaya Foritah, petit district de la région de Faranah en Guinée, on vous répond par une balle en pleine tête. Le service client du XXIe siècle est devenu radical.
Selon l’ONG Tournons La Page Guinée (TLP-Guinée), un jeune élève de 21 ans, Mohamed Sayon Samoura, a été tué le 5 octobre dernier lors d’une manifestation pacifique organisée par des ouvriers et manœuvres de la société minière Winning Consortium Simandou (WCS). Leur revendication ? Être payés pour leur travail. Leur erreur ? Avoir eu l’audace de se faire entendre dans un pays où certaines forces de l’ordre semblent considérer toute contestation comme un crime capital.
Le responsable présumé de cette exécution extrajudiciaire serait un caporal du Groupement des Forces d’Intervention Rapide (GFIR), connu sous le doux surnom de “Yèrèbalo Spartacus” – probablement pour ses talents de gladiateur, mais version armée et sans l’arène. Selon un proche de la victime ayant requis l’anonymat, le militaire en question n’a pas tiré par accident :
« Il avait même menacé de tuer quelqu’un avant la fin de leur mission. »
Voilà une ambition de carrière bien claire.
Actuellement détenu à la maison centrale de Faranah, le caporal “Spartacus” attend que la justice fasse ce qu’elle a rarement le temps ou le courage de faire dans ce genre de dossier : agir.
Pendant que les entreprises minières exportent des milliards de dollars de ressources guinéennes, les travailleurs locaux se contentent d’attendre des miettes… ou de fuir les rafales.
Dans ce contexte, la Coordination de TLP-Guinée appelle à ce que justice soit rendue et que les droits fondamentaux des citoyens soient enfin respectés – une demande qui, en 2025, paraît aussi révolutionnaire que de demander l’eau courante dans certaines zones rurales du pays.
À l’heure où nous publions cet article, aucune déclaration officielle n’a été faite par le ministère de la Défense, ni par la société WCS, trop occupée peut-être à sécuriser ses corridors d’exploitation plutôt qu’à sécuriser la vie de ceux qui les construisent.
Entre la logique minière et la logique militaire, il semble que la vie humaine ait bien peu de valeur dans certaines régions de Guinée.
En attendant la justice, les ouvriers continuent de travailler. Et certains espèrent, contre toute évidence, être payés en salaire plutôt qu’en silence.
Conakry 8 octobre 2025
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