Président du Mouvement pour la Solidarité et le Développement (MSD), Dr Alpha Abdoulaye Diallo incarne l’image d’un intellectuel guinéen engagé, à la fois médecin, enseignant et homme politique. De son village natal de Koïn à la fondation de son parti, son parcours est marqué par la persévérance, la rigueur et une foi profonde en la construction d’une Guinée unie autour de valeurs communes.
Des bancs de Koïn à la médecine en Yougoslavie
Né le 7 août 1958 à Koïn, dans la préfecture de Tougué, Alpha Abdoulaye Diallo effectue ses études primaires et secondaires dans sa localité natale jusqu’à la onzième année. Il poursuit ensuite la terminale (bac unique) à Bofoso, Macenta, en 1977.
Passionné par les sciences, il intègre la faculté d’agronomie, où il passe deux années avant de bénéficier d’une bourse d’études pour la Yougoslavie.
« J’étais initialement orienté vers l’aménagement hydro-agricole, mais cette option n’existait pas dans la ville où j’avais été envoyé. On m’a donc proposé de choisir entre économie et médecine. J’ai choisi la médecine », confie-t-il à LoupeGuinee.com.
Il obtient son doctorat en médecine en 1990, avec une spécialisation en gastro-entérologie.
Un retour au pays marqué par la résilience
De retour en Guinée, Dr Diallo est affecté dans un village situé entre Siguiri et Kankan, avant d’être muté à Kouroussa en 1991, où il exerce jusqu’en 1993.
Peu après, il rejoint la Faculté de Médecine de Conakry, où il enseigne l’hépatogastroentérologie jusqu’à sa retraite, en 2023.
Parallèlement, il fonde son cabinet médical en 1994-1995, une structure qui continue de fonctionner aujourd’hui.
« J’ai travaillé dur, j’ai pu construire pour mes parents au village, puis pour moi-même à Conakry. À partir de là, j’ai estimé pouvoir m’engager pleinement dans la politique », explique-t-il à LoupeGuinee.com.
De l’engagement militant à la création du MSD
Son engagement politique remonte à la fin des années 1980, lorsqu’il distribue des pamphlets de Bâ Mamadou avant de rejoindre l’UFD de Badico.
Mais les difficultés économiques et l’absence de structures solides le poussent à se retirer temporairement.
Avec la nomination de Cellou Dalein Diallo au poste de Premier ministre en 2004, il se rapproche de l’UFDG, mais finit par s’en éloigner, déçu par le manque d’organisation.
« J’ai perdu cinq ans là-bas, de 2004 à 2009. J’ai compris que beaucoup agissaient sans vision collective », regrette-t-il.
C’est finalement en 2010, avec un ami de longue date rencontré dès le lycée et retrouvé en Yougoslavie, qu’il fonde le Mouvement pour la Solidarité et le Développement (MSD).
Le parti obtient son agrément officiel le 6 octobre 2011.
Aujourd’hui, le MSD dispose de structures fonctionnelles dans 7 régions sur 8 du pays.
Un parti aux valeurs conservatrices et humanistes
Le MSD se définit comme un parti conservateur, prônant le respect des valeurs traditionnelles et la coexistence pacifique entre toutes les composantes du pays.
« Être conservateur, c’est aller avec la nature. Nous devons être libres d’être musulmans sans déranger les chrétiens, libres d’être Peuls, Malinkés, Forestiers ou Soussous, tout en reconnaissant les droits et la dignité de l’autre », soutient Dr Diallo dans un entretien avec LoupeGuinee.com.
Le parti prône un modèle fondé sur la foi, la loi et le travail :
« La foi, c’est le cœur ; la loi, c’est l’esprit ; et le travail, c’est l’action. Celui qui travaille avec foi et respecte les lois contribue au bien-être collectif », résume-t-il.
Une vision critique de la gouvernance en Guinée
Observateur attentif de la vie politique nationale, Dr Diallo estime que la Guinée souffre depuis son indépendance d’un manque de leadership instruit et structuré.
« Depuis Sékou Touré, nous avons connu la dictature, les emprisonnements et les divisions. Lansana Conté était un homme de bonne volonté, mais limité par son niveau d’instruction. Alpha Condé n’a pas su rassembler. Le problème de la Guinée n’est pas ethnique, mais éducatif et institutionnel », analyse-t-il.
Pour lui, l’échec du pays vient du centralisme hérité du modèle français :
« On a voulu créer un État-nation sans permettre aux différentes communautés d’éclore et de s’épanouir selon leurs propres valeurs. Il faut une gouvernance qui respecte la diversité tout en forgeant une unité fondée sur le bien-être commun. »
Une ambition pour une Guinée réconciliée
À travers le MSD, Dr Alpha Abdoulaye Diallo veut promouvoir une Guinée où l’individu, la famille et la société s’entraident pour bâtir une nation solidaire.
« Nous voulons une société où l’on soigne à la fois l’individu et la communauté. Produire à droite, consommer à gauche : ceux qui ont plus aident ceux qui ont moins. C’est cela notre conception du développement », confie-t-il.
Pour ce médecin devenu homme politique, la Guinée ne pourra décoller qu’en plaçant l’humain, l’éducation et la solidarité au cœur de son projet national.
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Conakry 12 octobre 2025
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