Dans l’histoire de la Guinée, certains noms résonnent comme des symboles de détermination, de dévouement et de réussite. Hadja Mariama Kankalabe Baldé est l’une de ces figures emblématiques, ayant brillamment marqué le monde de l’éducation et des médias. De l’enseignement à la radio-télévision guinéenne, son parcours est une source d’inspiration pour toute une génération. Avec un engagement sans faille, elle a su allier sa passion pour l’éducation à son amour du journalisme, devenant ainsi une référence dans les deux domaines. Dans cette interview, elle nous dévoile son parcours, ses défis, ses réussites et les valeurs qui l’ont guidée tout au long de sa carrière.
Hadja Mariama Kankalabe Baldé, vous êtes une figure emblématique de la Guinée, reconnue pour votre travail tant dans l’enseignement que dans le journalisme. Pouvez-vous nous parler de vos débuts et de votre parcours scolaire ?
Mon aventure a commencé en 1964 à Kankalabé, où j’ai entamé ma scolarité. Ensuite, j’ai poursuivi mes études au Collège de Conakry 2 août, aujourd’hui le Collège Un Donka, puis au lycée à Bonfi et à Coléah. J’ai obtenu mon baccalauréat en 1973. Cela a été un moment clé, mais ce n’était que le début de mon parcours.
Après le baccalauréat, vous avez choisi de devenir institutrice. Pourquoi avoir choisi cette voie à ce moment-là ?
Après mon bac, j’ai décidé de m’inscrire à l’École Normale des Instituteurs de Macenta pour devenir institutrice. C’était une vocation pour moi, un désir de transmettre la connaissance et de contribuer à l’éducation des jeunes générations. Une fois diplômée, j’ai été mutée à l’école Ouesin Koulibaly, où j’ai enseigné l’histoire, la géographie et l’idéologie. C’était un travail enrichissant, et j’ai été honorée de pouvoir jouer un rôle dans l’éducation de mes compatriotes.
Votre carrière a pris un tournant important lorsque vous avez été recrutée à la Direction Communale de l’Éducation de Macenta. Comment cette expérience a-t-elle changé votre trajectoire ?
Hadja Mariama Kankalabe Baldé : C’est vrai que la Direction Communale de l’Éducation de Macenta a marqué un tournant décisif dans ma carrière. Après avoir travaillé deux ans dans cette structure, j’ai été affectée au centre de formation professionnelle de Macenta. Puis, après 11 années passées en Guinée forestière, j’ai décidé de revenir à Conakry. Ainsi, on m’a mutée à la DCE de Conakry 2 en 1983. C’était le début de nouvelles opportunités pour moi.
Vous avez ensuite fait une rencontre décisive qui allait orienter votre carrière dans une toute autre direction. Il s’agit de monsieur Thierno Amadou Barry, directeur de l’école Centre 2 de Dixinn. Pouvez-vous nous en dire plus ?
C’est à ce moment-là que j’ai rencontré Thierno Amadou Barry, un directeur visionnaire au Centre 2 de Dixinn. Il m’a encouragée à tenter ma chance à la Radio-Télévision Guinéenne (RTG), où ils cherchaient des femmes pour intégrer l’équipe. Au début, j’étais réticente, je n’avais jamais envisagé le journalisme.
Mais, sur ses conseils, je me suis rendue à la RTG. Et, j’ai déposé la lettre que mon directeur m’a donnée au niveau de Elhadji Siaka Sylla, le chef de programme en présence du directeur général de la RTG, monsieur Fodé Cissé. Quelques jours après, à ma grande surprise, mon nom a été retenu pour intégrer un stage de formation.
Comment s’est passée cette formation à la RTG et quel a été l’impact sur votre carrière ?
La formation à la RTG a été intense et passionnante. Pendant trois ans, j’ai appris avec les collègues les rudiments du journalisme. Cela a été un véritable challenge, mais également une grande opportunité.
J’ai rapidement fait mes preuves et je suis devenue une figure incontournable du paysage médiatique guinéen. Je me souviens particulièrement de l’émission Kibaro, que j’animais en langue poular, qui est devenue emblématique grâce à l’équipe.
Vous avez joué un rôle crucial lors d’une grève générale des travailleurs d’un département ministériel, ce qui a donné naissance à l’émission Kibaro. Comment avez-vous géré cette situation ?
Ce moment restera gravé dans ma mémoire. Lors de cette grève générale, la situation était tendue, et la crise risquait de s’amplifier. C’était sous le régime du général Lansana Conté, paix à son âme.
À cette époque, monsieur Emmanuel Katy était le directeur général de la RTG, et monsieur Amara Kaba était directeur de la radio, tandis que monsieur Justin Morel Junior était directeur de la télévision. Ils nous ont donnés des instructions claires sur la manière de gérer la crise.
Nous, les trois femmes convoquées, avons été informées du canevas de travail. Monsiur Justin Morel Junior m’a désignée pour commencer. J’étais hésitante, mais il m’a rassurée, promettant de rester près de moi. À 18 heures, la diffusion a commencé.
Quand la caméra m’a ciblée, mon cœur battait fort, mais j’ai pris la parole. J’ai exprimé mes conseils et encouragé les travailleurs à suspendre la grève, car cela nuirait à l’avenir du pays.
Avant même que je termine, les syndicats sont intervenus pour suspendre la grève. Mon passage a ainsi mis fin à la crise, et l’émission Kibaro est née grâce à cette intervention, sous l’initiative de monsieur Justin Morel Junior.
En regardant votre parcours, que ressentez-vous aujourd’hui ?
Je suis profondément reconnaissante envers la RTG, qui m’a permis de me réaliser professionnellement. Je n’oublie pas ceux qui ont cru en moi, qui m’ont soutenue et m’ont guidée tout au long de mon parcours. Je rends hommage à ceux qui ne sont plus là et je prie pour le repos de leurs âmes. Je suis aussi pleine de gratitude envers la nouvelle génération de talents qui porte l’avenir des médias.
En conclusion, quel message souhaitez-vous transmettre aux générations futures ?
Mon message serait celui de la persévérance, du courage et de la détermination. Peu importe les obstacles, il faut croire en ses rêves et se donner les moyens de les réaliser. Chaque étape de ma vie m’a appris qu’il faut savoir se réinventer, saisir les opportunités et surtout ne jamais abandonner. Mon parcours est la preuve que tout est possible avec travail et passion.
Merci beaucoup, Hadja Mariama Kankalabe Baldé, pour ce partage inspirant. Votre histoire est un modèle de persévérance et de réussite.

Merci à vous. C’est un honneur de pouvoir partager mon histoire et j’espère qu’elle pourra inspirer d’autres à poursuivre leurs rêves.
Interview réalisée par Moussa Sampo
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Interview réalisée par Moussa Sampo



